| Observations : |
Rare édition originale de cet ouvrage intéressant de l’érudit et théologien prussien Reinhold Condit, dédiée à Frédéric-Guillaume, électeur de Brandebourg (1620-1688). Il fut imprimé à Brême qui était à l’époque une des principales villes du nord de l’Europe à éditer et diffuser des idées religieuses et philosophiques après la Réforme, ainsi qu’un centre important de commerce et de culture protestant. Le titre de l’ouvrage peut être traduit ainsi : « Miroir de la foi politique, c’est-à-dire, dans lequel le génie humain ou les mœurs du monde sont esquissés dans toutes les actions, contrats, pactes, conseils, actes, administrations, fonctions et offices, louanges, critiques, vices, fraudes, tromperies, simulacres, dissimulations, ambiguïtés, machinations, tromperies, mensonges, malice et parjures, etc. En particulier, il expose les qualités, les compétences, les prérogatives et les convenances des conseillers, des envoyés, des avocats et des palatins ou courtisans. » Exemplaire de choix, en reliure du temps, aux armes du diplomate et noble autrichien Franz Ehrenreich (ou François-Honoré), comte de Trauttmannsdorff (1662-1719), conseiller et vice-président de la Chambre d’Autriche intérieure, puis ambassadeur autrichien auprès de la Diète en 1701. « S’efforçant d’abord d’imposer la neutralité de la Suisse dans la guerre de Succession d’Espagne, il ne put empêcher l’éclatement de la seconde guerre de Villmergen (1712) après avoir pris parti pour le prince-abbé de Saint-Gall. À la veille de la prise de Baden par Berne et Zurich, il s’enfuit à Waldshut en Autriche intérieure. À cause de son échec, il ne put, comme il l’espérait, participer, en 1714, au congrès de paix de Baden comme plénipotentiaire de Charles VI. Il fut rappelé à Vienne à la fin de l’année 1715 » (Dictionnaire historique de la Suisse). À sa mort, sa bibliothèque comptait plus de 8000 volumes imprimés, plus de 500 manuscrits et des centaines de cartes, constituant l’une des plus grandes bibliothèques de la monarchie des Habsbourg à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe. L’exemplaire entra par la suite en possession du juriste allemand Friedrich August Hackmann (1670-1742), avec un ex-dono en latin à son nom au verso de la première garde, indiquant notamment : « Fridericus Augustus de Hackman, Baro de Friedenstein, Regia Majestatis Borussicae Consiliarius intimus, Septuagenario major. Scripsi Vienna die 12 Mensis Augusti 1739 » (« Frédéric Auguste de Hackman, baron de Friedenstein, conseiller intime de Sa Majesté Royale de Prusse, âgé de plus de soixante-dix ans. Écrit à Vienne le 12 août 1739 »). Il est notamment connu pour avoir redécouvert la version bas-allemande de Reineke Fuchs, personnage principal d’une épopée remontant au Moyen Âge, et avoir publié en 1711 à Wolfenbüttel la Reineke de Vox contenant un poème inconnu jusqu’alors intitulé Koker (Le Carquois) composé en grande partie de vieux dictons et proverbes et dont il pourrait être l’auteur. Il travailla un temps à la cour de Prusse à partir de 1718, en tant que conseiller de la cour ainsi que bibliothécaire en chef. On trouve enfin, au-dessus du premier ex-libris, cette note manuscrite : « ad usum S. Andrea Avellini ma Rezina ord. Men. Convert. » Il s’agit, semble-t-il, d’une référence à une communauté ou à un monastère franciscain placé sous le patronage de Saint André Avellin (1521-1608). Exemplaire de choix en reliure de l’époque très bien conservée et non restaurée, complète de ses fermoirs d’origine. |
